Time Capsule 2045

Des capsules temporelles au GamMAH

Le GamMAH accueille depuis le 6 juillet Time Capsule 2045, un projet en deux volets initié par Art by Translation et Lab’Bel.

Des capsules temporelles au GamMAH

Le GamMAH accueille depuis le 6 juillet Time Capsule 2045, un projet en deux volets initié par Art by Translation et Lab’Bel.

Time Capsule 2045

Proposé en parallèle à l’exposition Dix milliards d’années au MAH (22 juillet-30 octobre 2022), Time Capsule 2045 invite à s’interroger sur la notion de capsule temporelle, ces objets ou ces œuvres destinés à être découverts après un délai plus ou moins long. Adressés aux générations futures, ils témoignent autant d’une époque présente que d’une relation à l’avenir.

Une vingtaine d’œuvres encapsulées dans des boites d’archives, sont actuellement à découvrir au GamMAH. Initié en décembre 2020 au palais des Beaux-Arts de Paris, ce projet regroupe les travaux de dix-sept artistes1 mettant en jeu des trajectoires et des temporalités complexes. Chacun avait placé une œuvre, connue d’eux seuls, dans une boîte conçue par Adrien Gardère avec William Solis et Minh-Quang et destinée à être ouverte en 2045.

Time Capsule de Suha Traboulsi, 2020

Œuvres sonores et performances au GamMAH

Le second volet de Time Capsule 2045 repose sur la création sonore. Dès le 1er septembre, des artistes, musiciens, écrivains et théoriciens2 de différentes disciplines sont invités au GamMAH à créer des pièces pensées pour le futur lors de 3 jours de performances, ouvertes au public.

Dans une volonté de s’émanciper du sentiment d’impuissance que l’on peut ressentir face à la situation actuelle, ainsi que de contrer la vision d’un futur réduite à des calculs de probabilités, ce volet sonore défend l’importance de l’anticipation et de la fiction spéculative, en cherchant à révéler les multiples possibles du présent et en nous invitant à passer à l’action.

Conservées au GamMAH, ces œuvres seront accessibles au public à travers plusieurs supports d’enregistrement (vinyle, K7, CD, Mp3, etc.), lesquels seront ainsi soumis à leur tour aux effets du temps. Faire l’expérience de la transformation des médias fait réfléchir à l’obsolescence plus ou moins programmée des technologies et plus généralement aux enjeux de conversation des données.

Les capsules temporelles

La production de capsules temporelles est pratique courante dans la culture populaire. Elles offrent un prisme au travers duquel on considère l’histoire de l’art, elle-même traversée de suspensions temporelles volontaires. On pense par exemple à l’interdiction faite par l’artiste Hilma af Klint d’exposer ses tableaux abstraits pendant 20 ans après sa mort, car elle estimait que le monde n’était pas encore prêt à comprendre son travail. Certaines œuvres de Marcel Duchamp (À bruit secret, 1916), d’Andy Warhol (Time Capsules, 1974-1987) ou de Daniel Spoerri (Le Déjeuner sous l’herbe, 1983) jouent de ce principe de soustraction au regard pour activer l’ouverture du sens, interroger notre rapport fétichiste à l’objet, ou encourager une attention «archéologique» au temps présent. Au milieu des années 1970, une décennie marquée par de profonds bouleversements sociaux et culturels, l’artiste Stephen Antonakos choisit de se projeter dans un avenir fantasmatique, les années 2000, en invitant Richard Artschwager, Daniel Buren, Sol LeWitt et Robert Ryman à placer, chacun, une œuvre dans une Time box dont le contenu a été révélé au tournant du XXIe siècle.

Bien que de natures très différentes, ces capsules soulèvent la question de la trajectoire des œuvres, non seulement du point de vue matériel – seront-elles conservées? dans quel état vont-elles réapparaître? –, mais aussi du point de vue de leur interprétation. Car dès qu’elles se détachent de leurs auteurs, ces pièces sont amenées à se confronter à des contextes politiques, intellectuels et sociaux qui en transforment les significations. En attirant l’attention sur les différents moments de réception des œuvres, les capsules soulignent la manière dont celles-ci reflètent les configurations du monde qu’elles rencontrent.

Rendez-vous

Les créations sonores imaginant le monde en 2045 seront accessibles depuis www.artbytranslation.org. Certaines d’entre elles seront jouées en public dans le cadre de trois journées d’événements Time Capsule 2045 organisées au GamMAH, les jeudis 1er septembre, 6 et 20 octobre à 19h.

 

Journal de l’exposition

Commissaires: Maud Jacquin et Sébastien Pluot avec Laurent Fievet, Silvia Guerra et Julien Sirgacq
Notes
1 Renaud Auguste-Dormeuil, Keren Benbenisty, Christophe Berdaguer et Marie Péjus, Joi Bittle, Charbel-joseph H. Boutros, Julia E. Dyck, Maíra Dietrich, Daniel Frota, Mark Geffriaud, Kenneth Goldsmith, Paula Hayes, Zoé Leonard, Falk Messerschmidt, Gala Porras-Kim, Suha Traboulsi, Yann Sérandour, Pedro Zylbersztajn.
2 A Constructed World, Pierre Alferi et Rodolphe Burger, Matteo Barsuglia, Black Quantum Futurism, Dominique Blais et Kerwin Rolland, Xavier Boussiron et Julien Tiberi, Tyler Coburn, Maíra Dietrich, Julia E. Dyck, Daniel Foucard, Louise Hervé et Clovis Maillet, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Hanne Lippard, Falk Messerschmidt, Ariane Michel, Alexandra Midal, Julie Semoroz, Slow Reading Club avec Charlie Usher, The Bells Angels (Simon Bernheim et Julien Sirjacq), et Pedro Zylbersztajn.
Aux œuvres des précédent.es s’ajoutent les propositions des étudiant.es des Beaux-Arts de Paris (atelier de Julien Sirjacq), de l’ENSA Paris-Cergy et de l’ESAD TALM Angers: Carl Amiard, Jade Boudet, Lina Filipovich, Collectif Alamer, Claire Jacques, César Kaci, Jiyeon Kim, Loick Mfoundou, Théo Pall, Lois Saumande, Lalie Thebault Maviel, Jing Yuan.

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