Après le puzzle géant des montres et pendules conservées dans les réserves en pièces détachées, voici le récit d’un autre type de découverte, en direct des réserves dans lesquelles sont conservées les collections d’horlogerie, d’émaillerie, de bijouterie et de petits portraits en miniature.
Deux cadres vides attirent mon attention ce matin: à quel portrait, quelle peinture, quelle œuvre peuvent-ils bien être liés? Je les saisis pour en mesurer les fenêtres et, ce faisant, un détail me frappe: on devine un filet de velours bleu clair qui court tout au long de l’encadrement intérieur.
Ce tissu et sa couleur éveillent un souvenir: je suis presque sûre d’avoir déjà croisé ce velours bleu clair. Mais quand, et où?
Je commence à chercher dans les nombreux écrins, boîte et contenants divers, identifiés ou encore à attribuer, qui garnissent le dessus de plusieurs de nos armoires.
Sur un emballage de papier de soie, je lis une inscription de ma main: «deux panneaux-présentoirs non identifiés». Je les avais mis de côté quelques années auparavant, dans l’espoir de les lier un jour à un pan d’histoire de nos collections… Les deux fonds correspondent, par leurs dimensions et leur revêtement, aux cadres orphelins.
Ils sont couverts d’empreintes diverses, lisibles dans le velours où restent accrochés des fils dorés: de nombreux ont été cousus sur ces surfaces. Reste à retrouver lesquels!
Sur l’un d’eux, la forme particulière de l’une de ces empreintes me pousse à me diriger vers les tiroirs consacrés aux couronnes et aux diadèmes: je repère facilement celui qui semble correspondre.
Ce diadème en or et citrines a appartenu à Hortense de Beauharnais, reine de Hollande et épouse de Louis Bonaparte: nous conservons la parure complète du même travail. Je peux donc facilement attribuer un emplacement aux deux pendants d’oreille et au collier…
Mais j’ai mis plus longtemps à comprendre à quel objet pouvaient correspondre les traces triangulaires et enchevêtrées du centre du panneau…
Après plusieurs échecs, je me suis tournée vers une chaîne pouvant correspondre aux empreintes. Elle est accompagnée de deux sceaux d’or épousant, eux aussi, parfaitement les marques laissées sur le velours. Le tout explique que la bague de la parure soit disposée si près du collier.
Le premier présentoir est complet!
Il ne reste plus qu’à le glisser derrière son cadre pour admirer l’ensemble, tel qu’il avait été mis en scène il y a plus d’un siècle!

Des portraits de la famille Pictet-de-Rochemont
Le second cadre a été plus ardu à reconstituer. Mais, à nouveau, la première pièce trouvée a ouvert le chemin aux autres, de façon logique. Un portrait en amène un deuxième, puis un troisième, bijoux et souvenirs de famille complètent bientôt l’ensemble…
La montre de poche centrale, disparue lors du cambriolage du Musée de l’horlogerie en 2002, a été remplacée dans la composition recréée par une copie papier à l’échelle… La seule «ombre au tableau»!
Et nous voici en présence d’une seconde vitrine murale, façon tableau, réunissant des portraits de la famille Pictet-de-Rochemont, tels qu’ils étaient représentés à la fin du XIXe siècle.
Si l’on sait que ces quatre personnes sont issues de la famille Pictet-de-Rochemont, nous ignorons leur identité exacte. Qui sait, quelqu’un les reconnaîtra peut-être ici et nous aidera à les identifier?