Le Musée d’art et d’histoire de Genève est-il un musée encyclopédique ?

Le concept du musée s’impose lentement entre le milieu du XVIIIe et la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, il existe un grand choix de musées, mais la notion de lieu de conservation, d’éducation et de transmission est devenue commune et universelle.

Le concept du musée s’impose lentement entre le milieu du XVIIIe et la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, il existe un grand choix de musées, mais la notion de lieu de conservation, d’éducation et de transmission est devenue commune et universelle.

Paradoxalement, il est plus simple de nommer un nouveau musée conçu pour occuper un espace dans le panorama muséal que de qualifier les anciens musées ayant accumulés au cours des deux derniers siècles des collections considérables. C’est le cas du Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH).

On sait tout ce qu’une classification peut avoir de réducteur, mais il faut pourtant bien donner un signal aux futurs visiteurs.

Si l’on se réfère aux catégories du nouveau dictionnaire encyclopédique de muséologie (2011), trois catégories de musées peuvent englober certaines spécificités du MAH:
• Le musée de civilisation tente de traduire l’histoire d’une nation. Si, lors de la construction du MAH en 1910, cette option a été envisagée (voir la galerie du château de Zizers), elle a très vite été abandonnée au profit de Genève et de l’euro-méditerranée.
• Le musée universel qui vise à englober l’ensemble des cultures du monde a retrouvé, depuis la « déclaration sur l’importance et la valeur des musées universels » (2002), un nouvel attrait en lien avec la globalisation planétaire. Outre sa vision impérialiste peu conforme à l’esprit suisse, il ne s’applique pas aux collections du MAH.
• Le musée encyclopédique dont le programme ambitionne d’explorer de manière précise –au même titre que les encyclopédies– l’ensemble de la matière liée à l’homme et à son environnement est au sens premier devenu totalement utopique. On sait que les promoteurs de l’Encyclopédie souhaitaient traiter des connaissances humaines de façon méthodique pour les lier les unes aux autres.

Cette démarche, qui ne tend plus à l’exhaustivité thématique, demeure l’un des fondements du discours muséologique.

Ainsi le Musée d’art et d’histoire doit sans cesse confronter l’objet d’art (objet esthétique) et l’objet d’histoire (objet de mémoire) pour en « exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons et de les transmettre aux hommes qui viendront après nous (…) ». Diderot, 1751.

Si le musée se consacre à cette tâche avec sérieux et persévérance, il demeurera un maillon fort de cet encyclopédisme nécessaire à la civilisation.

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