Les Musées d’art et d’histoire viennent de publier leur programme d’expositions couvrant la période de septembre 2013 à septembre 2014. À cette occasion, il est intéressant de revenir sur les différents aspects qui guident nos choix.
La préparation de la programmation d’un musée se construit sur la base de plusieurs éléments:
– les sujets sur lesquels travaillent nos conservateurs et assistants scientifiques et qui constituent naturellement l’ossature de la programmation;
– les demandes et propositions émanant de l’extérieur, qui sont nombreuses et riches : artistes ou descendants, musées à la recherche de partenariats, manifestations culturelle, jubilés….
– les attentes du public, dont les attentes se manifestent par le biais de la Société des Amis du Musée (SAMAH), au gré des rencontres ou encore sur les réseaux sociaux.
Le making of demande de prendre en compte des réalités souvent difficilement conciliables, comme le lieu – telle exposition aura toute sa place au Rath, telle autre ira nécessairement à la Maison Tavel – mais aussi la période et la saisonnalité – entre les moments plus genevois, plus touristiques, scolaires. Se posent également des questions techniques et de financement.
Pour mener à bien ces réflexions, il est important d’avoir une ligne de conduite et de s’y tenir. La politique d’expositions des Musées d’art et d’histoire repose sur un équilibre entre quatre composantes:
La découverte des collections et leur mise en valeur
Les réserves du musée contiennent un grand nombre de chefs-d’œuvre que le public n’a pu voir depuis des décennies, car ils ne peuvent être exposés dans nos collections permanentes faute de place. C’est le cas d’un impressionnant ensemble de tapisseries monumentales de l’époque baroque auquel nous avons décidé, cette année, de redonner sa splendeur. Après restauration et études, il devient possible de présenter ces tentures en regard de collections de statuaire, de monnaies et de médailles. Thème peu abordé car la tapisserie est un art oublié, c’est l’occasion d’une vraie découverte.
Mise en valeur des réserves et découvertes également avec les expositions Les livres de photographes de la Bibliothèque d’art et d’archéologie et Satires! du Cabinet d’arts graphiques. Ces lieux renferment en effet d’impressionnantes collections qui permettent aux conservateurs de puiser dans leurs fonds pour les mettre en valeur sous des angles nouveaux.
Les collaborations internationales
Ces partenariats reposent essentiellement sur notre capacité à inciter des musées à créer des expositions avec nous. Cette année, ces collaborations fructueuses sont nombreuses.
Lorsque le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) nous a proposé de réaliser une exposition au Rath à l’occasion de la commémoration de la première convention de Genève (1864), de nombreux musées à travers le monde ont souhaité s’y associer. Finalement, c’est le Mémorial pour la Paix de Caen qui co-produira cette exposition avec le Musée d’art et d’histoire, avant qu’elle ne soit présentée en Amérique du Nord et ailleurs en Europe.
L’exposition Rodin, l’accident et l’aléatoire est rendue possible grâce à un partenariat exceptionnel avec le Musée Rodin de Paris qui confirme ainsi la pertinence de l’angle thématique abordé. Enfin, la collaboration avec la Fondation Beyeler à Riehen amène à produire simultanément deux importantes expositions à Genève et à Bâle sur Gustave Courbet.

La recherche au musée : notre quotidien
Étudier les collections qui sont sous notre responsabilité est l’une des missions du musée, telles que définies par l’ICOM. À ce titre, les œuvres doivent être toujours mieux connues par nos équipes pour être également mieux appréciées par le public.
C’est ainsi que le résultat de deux années de restauration et d’études du retable de Konrad Witz fera l’objet d’une exposition-dossier accompagnée d’un ouvrage relatant le travail accompli.
Autre époque, autre axe de recherche : la télévision comme dernière source d’inspiration de Picasso, sujet n’ayant fait jusqu’alors que l’objet de peu d’études. Cette lacune sera comblée par une présentation, en forme de clin d’œil à la grande exposition sur Picasso à l’automne 2012.
La transversalité
À la croisée de toutes les problématiques actuelles du Musée d’art et d’histoire, le lien qui unit les collections d’hier et d’aujourd’hui, la recherche de transversalité dans la présentation est une condition de la réussite du musée de demain.
Corps et esprits. Regards croisés sur la Méditerranée antique se veut une préfiguration de l’intégration de la magnifique collection d’archéologie méditerranéenne de Jean Claude Gandur dans le musée rénové et agrandi. Des œuvres d’une qualité exceptionnelle s’inscrivent dans un discours archéologique sur la restitution de ces sociétés éloignées dans le temps.
Une fois tous ces ingrédients réunis, la programmation validée, il ne reste plus qu’à se retrousser les manches pour mettre en œuvre ces projets et attendre le seul verdict qui vaille: l’appréciation du public.
Programme en FR
Programme en ANG
Programme en ALL
Programme sous réserve de modifications