Le Musée d’art et d’histoire possède une importante collection d’instruments de musique dont seule une infime partie est visible aujourd’hui. Afin de préparer ces changements, Emanuele Marconi, conservateur-restaurateur, a passé en revue entre novembre 2013 et avril 2014 les quelque 900 objets de la collection. Son mandat était d’établir les constats d’état de tous les instruments et de fournir les données chiffrées nécessaires au chantier des collections qui précèdera la rénovation et l’agrandissement du MAH (restaurations nécessaires, conditionnement approprié, évaluation des frais pour l’emballage et la protection des œuvres). Dans un deuxième temps, il a eu pour tâche de commencer l’étude d’une sélection d’instruments, qu’il avait distingués lors de ses constats.
Ce minutieux travail permet d’affirmer aujourd’hui que la collection d’instruments de musique du MAH recèle quelques «perles», des instruments rares et de grande valeur patrimoniale, et que son état de conservation est satisfaisant. Ses points forts s’articulent autour des violes de gambe et guitares françaises, des mandolines et guitares italiennes, des guitares lyres ou encore des hautbois du XVIIIe, cors, et serpents.
M. Marconi, vous avez découvert une collection peu connue du public, car absente des salles d’exposition permanentes. Qu’avez-vous retiré de ce premier contact avec la collection genevoise?
C’est, à mon avis, l’une des deux plus importantes collections de Suisse avec celle du Musée d’histoire de Bâle (HMB). D’ailleurs, au mois d’août prochain, j’en ferai une présentation lors du colloque CIMCIM (le comité des instruments de musique de l’ICOM – le Conseil international des musées). Il faut préciser que le musée a également la chance d’avoir en dépôt quelques instruments de la Fondation La Ménestrandie, qui complètent parfaitement sa collection. Les deux forment un ensemble très intéressant, qui mérite vraiment d’être connu, autant des spécialistes que du grand public.
La collection pourra-t-elle être déplacée sans problème lors du rassemblement des réserves dans le futur dépôt patrimonial du MAH à la Jonction?
Oui, car elle est globalement en bon état. Peu d’objets ont besoin d’être consolidés. Même si elle est envisagée, il est prématuré de parler de campagne de restauration, car celle-ci dépendra des choix muséographiques élaborés pour le futur musée.
Après six mois de travail consacré à cette collection, quel est le bilan de votre mandat?
J’ai eu le temps d’observer la collection dans son ensemble Des études plus poussées, centrées sur certains objets, sont maintenant nécessaires; leur mise en ligne, notamment, permettrait aussi de faire avancer les recherches d’autres musées sur leurs propres instruments. Si la collection du MAH pouvait, parallèlement, continuer à se développer, elle deviendrait alors un véritable pôle de référence.

Une collection pour voyager à travers le temps
La collection du MAH (formée par la réunion de trois collections privées constituées par F. Ernst, C. Galopin, A. Galleti) est composée de séries emblématiques de différentes époques et de familles d’instruments permettant d’appréhender l’évolution de la musique à travers les âges.
L’époque baroque est bien représentée, avec toute la famille des violes, des violons et des claviers. Flageolets, vielles à roue et musettes témoignent du goût pour la pastorale au XVIIIe siècle, tandis que la danse est évoquée par un bel ensemble de pochettes. Pour la période classique, hautbois, cor anglais, clarinettes, clavicordes et pianoforte font voyager dans toute l’Europe. Les innovations techniques du XIXe siècle sont aussi présentes.
Des instruments étonnants révèlent l’immense imagination des facteurs, comme la trompette marine, la viola pomposa ou le serpent. Des espèces disparues, de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle, conjuguent raffinement ornemental et intérêt organologique: violes de gambe aux têtes sculptées, luth aux incrustations de nacre, tiorbino (petit théorbe) orné de scènes de chasse d’ivoire et d’ébène… La musique militaire et de plein air n’est pas en reste, avec d’impressionnants bassons russes à tête de dragon ou de rutilantes trompettes.
Le musée possède aussi des pièces de facteurs célèbres comme l’unique clarinette conservée de Theodor Lotz, facteur viennois ayant collaboré avec Mozart ; une basse de viole – en état de jeu – de Michel Collichon, qui développa le modèle à sept cordes dont les plus graves sont filées de métal ; ou encore une viole d’amour à caisse chantournée de Sebastian Klotz.
Isabelle Burkhalter
Bonjour. Quand est-ce que la collection d’instruments sera à nouveau en exposition au public? Est-ce qu’un accès pour étudier certains d’entre eux serait possible?
Merci.
Bonjour.
J’ai un balafon Bourkinabe ancien. Je voudrais m’en séparer et voudrais savoir sa valeur. Éventuellement le donner au musée d’instruments anciens. Merci
Bonjour, nous ne faisons pas d’expertise. Pour cela, il faut vous adresser à un spécialiste indépendant. Meilleurs messages.