Arachnophobia

Le bestiaire des collections du MAH s’agrandit

Parmi les enrichissements enregistrés durant l’automne 2017, une sculpture arachnéenne impose sa présence, en interpellant le regard ou en faisant courir un frisson sur la peau…

Le bestiaire des collections du MAH s’agrandit

Parmi les enrichissements enregistrés durant l’automne 2017, une sculpture arachnéenne impose sa présence, en interpellant le regard ou en faisant courir un frisson sur la peau…

Abritée par une vitrine située en haut du grand escalier du Musée d’art et d’histoire, cette araignée est une réduction de la sculpture monumentale produite par Louise Bourgeois (1911-2010) dès 1997. La version intitulée Maman (1999) de l’artiste plasticienne, hommage à sa mère tisserande, est l’œuvre source: entre Tokyo et New York, en passant par Genève, où elle a déployé ses longues pattes filiformes, la figure bienveillante et bénéfique («intelligente, patiente, subtile, propre, apaisante, indispensable», disait l’artiste) a été miniaturisée et interprétée par deux fabricants d’horlogerie helvétiques, captivés par l’œuvre originale.

L’Epée 1839 (fabricant) et MB&F (concepteur horloger), Arachnophobia
Delémont et Genève, 2016. Horloge de table et murale en acier laqué 
Don Arnaud Nicolas, 2017,  MAH, inv. H 2017-0353

Un joyau de l’art horloger

La sculpture qui vient de rejoindre les collections du Musée d’art et d’histoire est en réalité une horloge de table (et murale) d’une quarantaine de centimètres de diamètre exécutée selon les meilleures règles de l’art horloger! Dotée de pattes articulées, elle se double d’un objet de mesure du temps abritant un mécanisme sophistiqué, transformé pour représenter la tête et le torse d’une araignée. Le corps de la bête est surmonté d’un dôme noir affichant les heures et les minutes peintes en blanc, pointées par des aiguilles incurvées rotatives.

La tête de l’aranéide s’accroche d’un côté de l’abdomen-cadran et abrite le régulateur à balancier («et un jeu de mâchoires au cas où elle aurait un petit creux durant la nuit», sourient ses concepteurs!) dont on peut apprécier les finitions de qualité (anglage, poli miroir, satinage, brossage circulaire, sablage et polissage); l’autre extrémité contient le barillet, qui fournit l’énergie pour une réserve de marche de huit jours. Les huit pattes de la bestiole reliées à son abdomen et articulées par des rotules, sont en aluminium injecté laqué noir.

Le bestiaire des collections du MAH

Objet d’art né de la collaboration de L’Épée 1839, dirigée par Arnaud Nicolas, avec le laboratoire conceptuel genevois MB&F, fondé en 2005 par Maximilian Büsser, Arachnophobia vient à la rencontre d’autres formes animales, œuvres plastiques conservées au MAH, tels Sigh, Sigh, Sherlock d’Urs Fischer (né en 1973) ou Métamorphose I de Markus Raetz (né en 1945), lequel explore la 4e dimension, par-delà le mouvement, grâce à la notion de transformation.

De gauche à droite: Jean-Yves Marin, directeur des MAH, Estelle Fallet, conservatrice en chef, collections d’horlogerie, émaillerie, bijouterie et miniatures, Arnaud Nicolas, CEO de l’Epée 1839 (Delémont), et Charris Yadigaroglou, Chief Communications Officer de MB&F (Genève)
©MAH, photo: F. Bevilacqua

Mais Arachnophobia, par sa nature de garde-temps, rejoint plus précisément un bestiaire composé depuis le XIXe siècle en matière d’horlogerie, émaillerie et bijouterie. Dans ce corpus, le serpent y est une figure récurrente, articulé, souple, ondoyant. Les insectes viennent ensuite, avec papillons, scarabées, ou mante religieuse. Façonnés en métaux précieux, habillés d’émaux chatoyants, ces animaux ont perdu leur caractère menaçant ou repoussant: devenus parures, ils acquièrent le statut d’objet intime, souvent lié au souvenir, toujours empreints de valeur sentimentale.

Légendes, de haut en bas, de gauche à droite: 
Urs Fischer (né en 1973), Parkett Verlag, éditeur
Sigh, Sigh, Sherlock!, 2004
Objet en deux parties; moulage en fibre de verre renforcée; chapeau peint en noir; tige de fixation sortant du lapin en métal jaune [laiton?]
CdAG, MAH, inv. E 2005-0380
Markus Raetz (né en 1941)
Métamorphose I, 1991
Fonte de fer
MAH, don de l’artiste, inv. 1992-0001
Yvonne de Morsier-Roethlisberger (1896-1971), bijoutière et émailleuse
Mante religieuse
Émail sur cuivre, fer, H. 21, L. 15, P. 8 cm
MAH, inv. H 2016-0154
Marchand, émailleur, Giron & Lamunière, bijoutier
Épingle à chapeau en forme de papillon, Paris et Genève, vers 1910
Or, émaux
MAH, Achat auprès de Marchand, à Paris, inv. E 0082
L’atelier genevois de bijouterie et d’émaillerie Giron & Lamunière signe le corps du papillon, tandis que l’émailleur parisien Marchand en garnit les ailes.
Bracelet, Bade-Wurtemberg, ( Pforzheim), 1850-1900
Argent fondu, doré; émail bleu, rouge (translucides) et blanc (opaque); verroterie facetée (yeux) en serti clos
MAH, Achat, A. Rutishauser, 1908, inv. BJ 0511
Bracelet en forme de serpent, à logement (mèche de cheveux), France, 2e moitié XIXe s.
Or jaune forgé; turquoise taillée en cabochon ovale, sertis clos à grains; 2 grenats facetés, sertis clos à grains; 2 émeraudes facetées, sertis clos à grains; cheveux (dans la gueule du serpent)
MAH, legs Gustave Revilliod, 1890, inv. CR 0041
Esquivillon Frères & Dechoudens (Genève, vers 1775 – vers 1800)
Montre savonnette en forme de papillon, Genève, vers 1800
Or, émaux, pierres ; mouvement à échappement à verge et fusée à chaîne, 3,7 x 2,8 cm
MAH, inv. H 2001-0028
Marcel Constant Bastard (?-1932)
Montre bague en forme de scarabée, Genève, vers 1910 ou vers 1930
Or, émaux ; mouvement à échappement à ancre, 2,7 (bague) x 2,44 cm (longueur insecte)
MAH, Don Marie Madeleine Bastard, 2008, inv. H 2008-0140
Bulgari
Serpenti Spiga
Montre-bracelet dame et son écrin, Neuchâtel, 2016
Céramique, or jaune rose 18 kt, diamants (brillants) / sertissage
MAH, don Bulgari, 2017, inv. H 2017-0161

 

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